Estimer les distances en 3D est tout un art. Certaines personnes ont un instinct naturel pour percevoir les distances, tandis que d’autres doivent travailler cette compétence. Cependant, avec de l’entraînement et une bonne méthodologie, tout le monde peut progresser. Dans cet article, nous allons voir différentes méthodes pour estimer correctement les distances et comment affiner cette compétence avec des exercices pratiques.
Les différentes méthodes d’estimation
1. L’estimation directe
Avec l’expérience, certains archers développent un réflexe naturel : ils regardent une cible et, instinctivement, une distance leur vient à l’esprit. Cette méthode est rapide et efficace, mais elle demande des années de pratique pour être fiable.
2. Diviser la distance en sections
Cette technique consiste à repérer un point intermédiaire entre soi et la cible, à estimer cette première moitié de la distance, puis à la multiplier par deux. Par exemple, il est souvent plus facile d’évaluer précisément une distance de 22,5 m que de 45 m d’un seul coup.
3. Utiliser une base d’estimation
Certains archers prennent une distance de référence (exemple : 5 ou 10 mètres) qu’ils reportent ensuite plusieurs fois jusqu’à la cible. Une manière de faire est d’étendre le bras et de comparer visuellement les distances en fonction de cette référence.
4. Se baser sur les obstacles et l’environnement
Les obstacles entre soi et la cible peuvent fausser l’évaluation. Un arbre ou une branche placée devant la cible peut donner l’illusion que celle-ci est plus proche qu’elle ne l’est réellement. Il est donc crucial de prendre en compte ces éléments pour ne pas sous-estimer la distance.
5. La visualisation des cibles connues
À force de tirer sur différents types de blasons et cibles, on développe une mémoire visuelle des distances. Il est alors possible de comparer la cible 3D à une cible déjà vue en salle, en campagne ou en FITA pour affiner son estimation.
L’importance de l’entraînement
L’estimation des distances ne s’improvise pas et nécessite un entraînement régulier. Voici quelques exercices efficaces pour améliorer cette compétence :
• Demander à quelqu’un de poser une cible sur un terrain inconnu, puis essayer d’estimer la distance avant de la mesurer avec un télémètre.
• Se promener avec un télémètre et estimer tout ce qui nous entoure, des objets proches aux éléments plus lointains.
• Prendre des notes sur les erreurs récurrentes : certains archers sous-estiment toujours certaines cibles (exemple : un coyote) ou sont influencés par la luminosité du terrain.
L’estimation en compétition : une approche stratégique
En compétition, l’estimation de distance repose sur une combinaison de toutes ces techniques, mais aussi sur l’observation des autres tireurs et l’analyse des impacts.
1. Observer les impacts
Lorsque les autres archers ont tiré avant vous, analyser où se trouvent leurs flèches permet d’avoir une première idée de la distance. Si les impacts sont majoritairement en haut de la cible, c’est peut-être que la distance a été surestimée. À l’inverse, des flèches basses peuvent indiquer une sous-estimation.
2. Utiliser un “fenêtre de distance”
Un bon estimateur de distance ne se contente pas de donner un chiffre précis immédiatement. Il établit d’abord une fourchette : par exemple, une cible peut se situer entre 38 et 42 mètres. Ensuite, il réduit progressivement cette marge en analysant la taille apparente de la cible, les obstacles, la luminosité et les repères visuels.
3. Se fier à son instinct… mais vérifier
Un tireur expérimenté peut avoir une estimation instinctive en arrivant devant la cible. Cependant, pour éviter les erreurs, il est recommandé de confirmer cette première impression en utilisant les autres méthodes : comparaison avec une cible connue, repérage d’un point à 30 mètres pour ensuite compléter la distance, etc.
4. Faire attention aux conditions de lumière
Un facteur souvent sous-estimé est la luminosité. En général :
• Un terrain sombre ou une cible peu contrastée donne l’impression qu’elle est plus loin qu’en réalité.
• Un terrain en plein soleil avec une cible bien éclairée peut sembler plus proche.
5. Apprendre des erreurs passées
Beaucoup de champions utilisent un carnet de notes pour suivre leurs erreurs d’estimation. Lors des entraînements, ils notent la cible, les conditions du terrain, l’angle de tir et leur estimation, puis ils comparent avec la réalité. Avec le temps, ces données permettent d’ajuster les jugements et d’améliorer la précision.
Conclusion
L’estimation en 3D est un mélange de compétences techniques, d’expérience et de stratégie. Un bon archer doit être capable d’utiliser différentes méthodes en fonction du contexte, tout en restant attentif aux pièges du terrain et aux erreurs classiques.
L’entraînement reste la clé du succès : plus vous estimerez de distances en situation réelle, plus vous développerez un instinct précis. Alors, la prochaine fois que vous serez en forêt ou sur un parcours 3D, prenez un instant pour évaluer votre cible avant de vérifier au télémètre – vous pourriez être surpris de vos progrès !
Benjamin PIRON
